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Collection: Avec Mikkel Ørsted Sauzet

Globe: Votre livre se présente d'abord comme une adaptation d'une nouvelle d'Anton Tchekhov, Le Moine noir. Comment avez vous choisi cette nouvelle russe plutôt confidentielle ?

 

Mikkel Ørsted Sauzet : J'ai lu plusieurs nouvelles de Tchekhov avant de me décider, et "le moine noir" sortait du lot... elle ne ressemblait que peu aux autres avec son ambiance fantastique... L'aspect quasi-autobiographique m'attirait également; autant l'auteur que le personnage fictif, Andreï Kovrine (An Kov dans ma version), souffraient de la tuberculose, ce qui donne l'impression que Tchekhov lui-même se cachait derrière son protagoniste. Comme Tchekhov, j'avais envie de dire à travers un personnage, et à travers le pessimisme Tchekhovien qui ressemble un peu au mien, ce que je pense de notre époque.

 

Globe: On retrouve dans Le Moi noir la pesanteur et l'atmosphère angoissante de la nouvelle fantastique qu'elle adapte. Pourquoi avoir remplacé le fantastique par la science-fiction ?

 

Mikkel Ørsted Sauzet : Pour moi, le fantastique et la science fiction sont des cousins, je n'avais donc pas l'impression de changer radicalement de genre... puis ça m'a étonné de voir, mise à part quelques mises à jours nécessaires, à quel point cela a été facile de transposer le passée en futur… On est peut être bien aujourd’hui, comme Tchekhov à son époque, à une dizaine d’années d’un événement qui va changer le cours de l’Histoire.

 

Globe: Le moi noir est une intelligence artificielle qui rend la vue à ceux qui n'ont plus de regard, dans la société moderne hyper connectée où évolue An. Comment expliquer la force de ce symbole ?

 

Mikkel Ørsted Sauzet : Les personnages voient tout, mais leurs regards ne sont en effet pas dessinés. Ce regard absent, qui est également le nôtre, illustre le déni, l'ironie, la soi-disant bienveillance et autres marketing de positive attitude que nous employons pour occulter ce qui nous effraie.

 

Globe: Pourquoi avez-vous travaillé, dans Fétiche comme dans Le Moi Noir, uniquement au stylo bic ?

 

Mikkel Ørsted Sauzet :Comme tous le monde, j'ai toujours eu un rapport avec le stylo bille, c'est cet aspect démocratique qui me plaisait en premier lieu... mais aussi que cet outil anodin et humble puisse servir à faire toutes les annotations du jour le jour et, simultanément, évoquer à travers des dessins; la révolution Haïtienne, le désastre du changement climatique et encore d'avantage. Sans oublier que cet outil est un descendant direct de notre civilisation pétrochimique...  Le stylo bille est honnête, son trait ne s'efface pas.

 

Globe: La question brûlante de l'environnement est partout : dans la chaleur oppressante, dans le paysage déshumanisé. L'an 2048 n'est pas si lointain. Quelle réaction voulez-vous provoquer ?

 

Mikkel Ørsted Sauzet :Je me suis renseigné abondamment sur le sujet avant de synthétiser les idées qui me semblaient les plus pertinentes... Face aux catastrophes qui s'annoncent, soit on organise la décroissance, soit on subira une décroissance désorganisée (un peu comme aujourd'hui avec la COVID-19). C'est vain d'espérer pouvoir obtenir une réaction d'un(e) lecteur(-trice), mais, si en plus de ce qui est déjà su généralement au sujet du changement climatique, mon livre pourrait faire voyager l'idée contre la propagande omniprésente, que nos efforts avec l'économie verte soient largement insuffisants voire contre-productifs... ce serait déjà ça.

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